Histoire de Surinam

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de Police, se propagea effroyablement. De plus, beaucoup d'entr' eux furent atteints de la lèpre, vraisemblablement importée par les navires d'esclaves. On ressentit également à Paramaribo flans le mois d'octobre 1766 de violentes secousses de tremblement de terre qui, heureusement, ne causèrent pas trop de dommage. Enfin, c'est également sous le gouvernement de Crommelin que se fit la paix avec les nègres Aucas et Saramaccas, paix dont la base avait été antérieurement jetée par Mauricius. D'après les termes de l'accord, ils furent reconnus comme gens libres, et il leur fut promis annuellement quelques présents; ils s'engageaient par contre, moyennant une prime déterminée, à rendre tout esclave fugitif qui chercherait un refuge chez eux. Ils devaient également, en cas de nécessité, prendre les armes pour la défense de la colonie. Quatre de leur fils, qui, comme otages, avaient été laissés à Paramaribo, y apprirent à lire et à écrire et parvinrent à un certain degré d instrurtion; ils exercèrent par la suite une grande et heureuse influence sur leurs compatriotes. Comme, par son séjour de vingt ans dans la colonie et par l'opposition qu'il avait rencontrée du côté des Cabaleurs, Crommelin se sentait très fatigué et aspirait à un peu de repos, il sollicita en 1768 un congé pour la Hollande. Ce congé lui fut accordé, mais il n'en lit pas usage et obtint l'année suivante d'être, sur sa demande, mis honorablement à la retraite. A son départ, il confia l'intérim au conseiller Jean Nepveu qui, en 1770, fut nommé gouverneur général de Surinam.

IX. — Expéditions contre les Marrons. 27. — La désertion des Marrons s'était accrue énormément durant la seconde moitié du 18ème siècle. Ni les primes promises publiquement et chaque jour accrues pour l'arrestation des fugitifs, ni les nombreuses expéditions entreprises contre eux, ni les redoutables punitions qui étaient infligées aux Marrons arrêtés ne purent empêcher que leur nombre devînt chaque jour de plus en plus grand. Au contraire, toutes ces mesures semblaient encourager chez tous ces malheureux te désir d'aller chercher un refuge daus les bois. De plus, les planteurs ne voulaient pas comprendre que le seul moyen d'empêcher ces évasions consistait dans un traitement plus humain des esclaves. Ah ! ils étaient bien barbares les propriétaires d'esclaves qui, pour une légère faute, faisaient fouetter ces malheureux â un point tel que la mort souvent suivait de près la fustigation ! Que doit-on penser d'une époque où de telles abominations ont pu être commises impunément et où des maîtres inhumains ont osé publiquement exposer la théorie « qu'ils , pouvaient détruire leur propre bien, acheté de leur argent ! » il est vraiment étonnant que les nègres n'aient pas gardé une implacable haine contre les blancs et, en s'évadant, n'aient pas nourri l'espoir de tirer une sanglante revanche de leurs bourreaux!


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