Histoire de Surinam

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Une des nombreuses accusations dont il eut à se défendre portait qu'il avait toléré dans la colonie des ecclésiastiques papistes, par lesquels beaucoup de colons avaient été amenés à embrasser la religion catholique. Comme, d'après les Etats de Zélande, ce fait était contraire à une des clauses stipulées lors de la cession de la colonie, van Sommelsdijck fut blâmé. Et, en outre, comme, d'après l'opinion des Etats, toute la colonie était en péril par l'admission des écclésiastiques papistes, ils exigèrent que ces prêtres fussent renvoyés en Hollande. Vau Sommeltdijck lit déterrer les corps des prêtres qui étaient morts peu après leur arrivée dans la colonie, et expédia leurs ossements en Zélande, en. faisant savoir aux Directeurs de la Société Concessionnaire, qu'il avait, par le Capitaine Johannès Plas, adressé aux Etats de Zélande les ossements du trois « papistes » décédés. Sur l'ordre des Etats Généraux, les ossements furent renvoyés à Surinam et y furent réenterrés. Alors, afin de mettre un frein à toutes les accusations calomnieuses portées contre lui, le gouverneur promulgua, à son de tambour, une proclamation par laquelle il invitait quiconque aurait quelque chose à réclamer contre son administration, à soutetenir l'accusation devant la Cour où, pour donner toute satisfaction, il comparaîtrait comme simple citoyen et non comme gouverneur. Après qu'à un deuxième et un troisième appel, aucune suite n'eût été donnée pas plus qu'au premier, il lit noter le fait dans les procès-verbaux de la Cour, et, tout à la fois, déclara les accusations rejetées comme entièrement calomnieuses. Sur la proposition de van Sommelsdijck et conformément à la Résolution du 20 juillet 1684, les malfaiteurs qui, en Hollande, avaient encouru des condamnations, furent envoyés à Surinam pour y être utilisés comme soldats. Cette Résolution devait être funeste au gouverneur. Un travail pénible était exigé des soldats. C'est ainsi que, pour la construction d'un talus au fort Zéélandia, ils devaient y transporter de lourdes pierres d'une certaine distance; il arriva alors que, par manque d'importation de la métropole comme le cas s'était présenté assez souvent — ils ne reçurent qu'une ration insuffisante. Cela engendra parmi eux un esprit de mutinerie qui devait coûter la vie à v n Sommelsdjck. Le 19 juillet 1688, onze soldats à moitié ivres s'avancèrent vers le gouverneur qui, en faisant le va et vient, se promenait avec le Commandeur Verboom dans l'allée d'Orange (aujourd'hui. Allée des Tamariniers), située le long de l'hôtel du Gouvernement. . Sur un ton grossier, ils réclamèrent une augmentation de ration et une diminution de travail. Le Gouverneur, qui était très, emporté de nature, tira immédiatement son épée pourrepousser les mutins; mais il put à peine s'en servir, ils firent tous feu sur lui Touché mortellement, le malheureux tomba à terre et rendit l'âme immédiatement. Laurens Verboom reçut également un coup de feu au bas-ventre et mourut neuf jours plus tard. Les mutins, dont le nombre s'éleva bientôt à plus de 200, se rendirent ensuite maîtres de Zétandia et tirent prisonniers le capi-


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