Histoire de Surinam

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ensuite une pleine tasse d'eau et arrosa la terre aussi loin que possible avec le contenu d'une seconde tasse. Puis, avec son épée, il coupa l'herbe dont était couverte la terre sur laquelle il se trouvait, sous cette exclamation « Au nom de Dieu, je prends possession de cotte terre pour sa Majesté Don Philippe, notre souverain légitime. » La Guyane a donc été tout d'abord réellement une possession espagnole. Pourtant les Espagnols ne s'y sont, pas établis à demeure. Dans la partie qui est appelée maintenant Surinam, il n'y avait pas, même au commencement du 17ème siècle, d'habitants européens. § 6. — Si des milliers d'hommes trouvèrent la mort dans les régions sauvages de l'Amérique, l'espoir de découvrir « le pays de l'or » ne fut cependant pas abandonné. Certes, beaucoup y périrent misérablement, mais d'autres aventuriers ne se laissèrent pas rebuter pour cela ; leur soif de l'or était malgré tout plus grande que la crainte de trouver la mort dans ces marécageuses forêts vierges. Le but de ces expéditions périlleuses ne fut cependant pas atteint. Toutefois, elles eurent ce résultat que beaucoup de régions, qui autrement seraient restées inconnues, furent alors découvertes et parcourues dans tous les sens. Une autre conséquence importante de la recherche infructueuse de l'Eldorado est également l'introduction des esclaves d'Afrique. Les Indiens, ayant été contraints par les Espagnols de les accompagner dans leurs courses vagabondes, avaient été vite surmenés par Jours nouveaux maitres, et, comme hommes libres, se résignaient difficilement à l'état d'esclavage dans lequel ils étaient tout à coup plongés. L'une et l'autre cause eurent pour résultat de les faire mourir en grand nombre. Apitoyé sur leur misérable condition, Las Casas, prêtre catholique romain qui avait accompagné Colomb a son deuxième voyage en Amérique (1493-1496), donna à ses compatriotes le conseil d'introduire, d'Afrique de préférence, une plus forte race que l'indienne. Ce conseil fut suivi et ainsi prit naissance l'abominable traite des nègres. Quant au moment où les premiers Africains furent transportés à Surinam, il est difficile de.le dire avec certitude ; mais ce qui est sur, c'est qu'un grand nombre d'esclaves y étaient déjà introduits avant que ce pays ne devînt une possession de la Hollande. Les nègres amenés à Surinam, hommes fortement constitués et trempés au regard de toutes fatigues, provenaient de Saint George del Mina, sur la côte de Guinée, conquise pour la Hollande, comme le Brésil, par le valeureux Mauvits de Nassau. Les nègres, enlevés de l'intérieur du pays, étaient conduits sur la côte et échangés par les acheteurs d'esclaves contre un peu de quincaillerie, de poudre, de coquilles de Cauris, etc.. Ce que les malheureux eurent à supporter dans le voyage vers leur nouvelle patrie surpasse toute description. Dans les sales navires d'esclaves, quelquefois 600 de ces malheureux étaient entassés côte à côte. L'air corrompu qu'ils devaient respirer causait fréquemment des maladies contagieuses dont beaucoup mouraient. Ceux qui étaient enco-


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