— 75 — que son calme extérieur laissoit à peine présumer, et qui se
développoit avec énergie dans toutes les circonstances. Avant qu'on le transporta à l'hôpital de Cayenne dans les
premiers tems de notre établissement, il sétoit chargé avec le Tellier du soin le plus utile à la misérable colonie, il faisoit presque continuellement la
CHASSE
aux scorpions et
à tous les insectes qui nous dévoroient.
Je voudrais fixer ainsi quelques trails de chacun, mais pour ne pas me laisser entraîner à des détails minutieux qui déjà échappent à ma mémoire, je me suis borné à faire ressortir dans ce triste tableau, nos vieillards, nos capitaines, et me suis contenté d'y placer auprès d'eux tous leurs compagnons d'infortune qui
n'ont sans doute pas
plus que moi la prétention d'attirer particulièrement les regards.
Mais je ne puis passer sous silence la conduite, les propos infâmes de Brothier dont j'ai déjà fait remarquer la liaison avec Billaud Varennes, il faut séparer ici de notre mémoire celui que notre mépris séparait de notre société. Je peindrai d'un seul trait ce méchant prêtre, et de la main de son collegue la Villeheurnois. Celui-ci à la suite d'une dispute pendant la quelle les injures les plus grossières ne furent point épargnées, battait et souflletoit l'abbé. Nous accourûmes à la case
« Laissés Messieurs, laissés moi corriger
ce drôle la, nous dit la Villeheurnois, ce traitement lui est nécessaire et quand vous le connoitrés, vous me remercirés,
c'est un démon de discorde, et l'abbé Maury avoit bien raison quand il écrivoit aux princes :
« S'il ne s'agit que de
« tout brouiller, on ne pouvoit mieux faire que de choisir « l'abbé Brothier : il désunirait les legions celestes. » Aux premiers jours de l' année Villot et Bourdon tombèrent malades. Nous demandâmes vainement pour eux la même faveur qu'avoit obtenue Barthélémy, et qui je n'en