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blessé des précautions outrageantes de l'agent, qu'il étoit lui même sur et se sentoit fier de la confiance du directoire, ne se tint point pour battu, il écrivit à Jeannet, insista pour le voir et lui remettre lui même à Cayenne1 des lettres et des instructions particulières dont il étoit porteur. Jeannet circonvenu d'ailleurs pas des révolutionnaires tels que son
secretaire Mauduit et le capitaine Malvin ne put reculer, il permit au capitaine la Porte de venir à terre, et l'invita à diner. Nous le vîmes arriver vers quatre heures du soir dans sa chaloupe et nous dûmes frémir. Comme c'est à la suite de ce diner que notre perle fût
résolue, les détails que nous en axons appris méritent quelque attention. Pendant que Jeannet lisoit attentivement ses depêches, la Porte ajoutoit au texte les plus perfides commentaires, et il étoit soutenu par des conseillers plus perfides encore; « ces scélérats que j'ai amené, disoit-il, avoient déjà allumé la guerre civile en France, où ils massacroient inpunément les républicains, nous étions tous vendus aux princes, nous voulions tous proclamer le roi, nous éspérions encore renouer la partie, nous nous étions ménagé des intelligances à Cayenne, » et nous avions les moyens de faire une révolution en faveur de Louis XVIII; le directoire, ajou-
toit-il, en étoit informé. Ces calomnies qui fermoient la bouche aux honnêtes magistrats, qui se trouvoient à ce diner, enhardissoient les révolutionnaires, qui n'attendoient pas que l'agent général se fut expliqué, pour éclater contre nous. Jeannet se défendoit encore, et sembloit capituler avec sa conscience, il parcouroit la liste des déportés et marquant 1. Je puis attester que trois personnel de Cayenne lière de Rewbel à Jeannet,
ont lu une
lettre particu-