Journal de l'adjudant général Ramel

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comme biens nationaux la jouissance des plus belles habitations confisquées ou séquestrées, il fait surtout très bien cultiver la belle habitation du général la Fayette, la Gabrielie, qui lui rapporte, dit-on, près de £. 300 000, l'habitation des jesuites, la royale, et celle de Beauregard, grossissent aussi le trésor de ce satrape. Après ces succès, et avec de telles dipositions Jeannet voyant le gouvernement républicain s'affermir, étoit bien éloigné de croire à un nouveau regne de terreur : la nouvelle des évenements du 18 Fructidor qu'il avoit appris

par un batiment américain sur le quel il lit mettre un embargo, les noms des principaux acteurs tels qu'Augerau, Sottin, etc., lui causèrent un tel effroi, qu'il fût au moment de quitter une seconde fois la colonie; le terme de ses pouvoirs étoit expiré, il ne doutoit pas qu'un ami de Billaud Varennes ne vint bien-tôt le remplacer, il croyoit voir évoquer les mânes de l'affreux Collot. Les habitants l'engagèrent à rester et à attendre de nouveaux éclairavant notre arrivée

cissements. Dubourg de la corvette la Vaillante au moment de notre arrivée, le tableau que son humanité présenta sans doute à Jeannet des maux que nous avions soufferts, confirmèrent apparemment ses premiers apperçus, et nous valurent le bon accueil qu'il nous fît à l'hopital. Cependant le capitaine la Porte furieux et d'autant plus Le rapport exact que dut faire le lieutenant

Republique de Raguse a fourni DES vivres à l'armée de l'empereur, malgré les ordres du grand Seigneur le fidèle allié de la République Françoise, et qu'elle en a refusé

confisquèrent le vaisseau ; le jugement est motivé, « sur ce que la

à Buonaparte, etc.» Je tiens tous ces faits, connus de tous les déportés, d' un des deux juges

qui

donnèrent leur démission ; en se retirant de Cayenne, il passa

au fort de Sinamarv. Le

Directoire

au reste n'ignore aucune de ces horreurs.

Jeannet est celui qui de tous est le moins coupable. Le Gouvernement ne lui envoie ni argent, ni vivres, il faut qu'il entretienne six ou huit cents hommes de troupes et qu'il paye les fonctionnaires publics.


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