— 46 — fois, assis
au
pied du grand mat versant de grosses larmes
pendant notre promenade. Nous apprîmes par Hurto que
c'étoit
le
capitaine
maître Dominique, qui lorsqu'il étoit de
service pendant la nuit jettoit dans la calle des morceaux de
quoique
presque plus de dents il se privoit de sa ration de pain pour nous la donner. La première fois qu'il nous apporta de l'eau chaude sous pretexte d' aller nettoyer la pompe, nous nous empressames
pain et de fromage,
de
lui
le ton
brave
n'ayant
témoigner notre reconnoissance : cet homme dont
étoit
sévere
même brutal
homme tomba
envers
presqu'évanoui
les
matelots,
ce
dans nos bras : « Ah!
Messieurs, nous dit-il, ce voyage me coulera la vie parce
qu'il faut que je renferme mon chagrin. » Dominique étoit sans cesse occupe de nous procurer quelqu'adoucissement. Il avoit bien de la peine à tromper la vigilance du capitaine : c'étoit Aristide qui faisoit ses commissions auprès de nous, et quand il n'étoit pas content de son exactitude, et de son intelligence, il battoit ce pauvre petit, nous avions le chagrin de l'entendre pleurer, et l'inquietude que cela ne lit découvrir Dominique; les soldats qui remarquoient les fréquentes visites d'Aristide lui reprochoient les soins qu'il nous donnoit et le battoient aussi. Mais l'excellent enfant ne disoit rien et ne se plaignoit jamais. Dominique parvint à acheter pour nous quelque fois du pain et du vin, on lui vendoit pour nous la livre de pain quatre francs et autant le verre de vin. U n jour il étoit tout joyeux, il prévint Mr. de Marbois qu'il vouloit nous donner a souper, et que nous ne devions pas manger les lèves de la distribution, en effet à minuit il nous envoya un derrière de cochon roti, avec un pain et du vin, c'étoit surement la provision particulière, la dernière ressource du bon Dominique. Son active humanité trahit son secret, il fût découvert