— 40 — « crioit la Porte, éloignes toi sur le champ ou je te fais couler bas. » Il permit seulement au jeune Laffon de remettre aux matelots le porte-manteau qu'il apportoit et lit repousser au large le canot et ce pieux enfant qui ne devoit plus revoir son père. Une heure après cette scène déchirante, le capitaine
malgré la tempête en hazardant tous les dangers de la navigation du golfe de Biscaye pendant l'équinoxe, pour nous les faire courir et sans doute espérant à ce prix échapper à la rencontre des Anglais. Nous quittâmes donc pour la seconde fois les côtes de France le 23 Septembre à cinq heures du soir. La nuit fut très orageuse, nous fumes au moment de périr en doublant les rescifs du Pertuis d'Antioche et le lendemain 24 Septembre le capitaine fut forcé de relâcher encore une fois et de mouiller près de l'ouvert de la rivière de bordeaux dans la rade de Blaie. Je ne puis rapporter aucun détail nautique, ni rien appareilla
ajouter à ce que j'ai dit plus haut sur notre situation pendant les
premiers jours : malgré l'état de la maladie que le
mouvement de la mer causoit à la plupart d'entre nous,
n'avions pas encore obtenu de monter sur le pont, et les écoutilles étant fermées à cause du gros temps nous nous
étions dans un état d'agonie.
25 nous remimes à la voile, les vents avoient un peu molli, ce ne fut cependant que quatre jours après, c'est à Le
dire le 29 Septembre, qu'il nous fut permis de monter sur
pendant une heure. U ne moitié des Déportés étoit appellée à quatre heures, et l'autre à cinq. Pendant ces deux heures la garnison du vaisseau étoit sous les armes, les déportés ne pouvoient marcher que sur le passa vent entre les deux mats : il leur étoit défendu de parler, comme aussi à tous les individus de l'équipage de leur adresser la parole. le pont