Journal de l'adjudant général Ramel

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— 37 — ment : Barthelemy et son fidèle le Tellier nous voyant entraîner par les soldats dans la fosse aux lions, courent à l'écoutille et s'y précipitent avec nous; le capitaine les menaça de les faire remonter à coups de bayonnettes, ils ne cédèrent point à ses menaces, mais seulement à nos instances. Nous restames tous les quatres dans les plus épaisses ténèbres, dans cet affreux cachot infecté par les exhalaisons de la calle, et par les cables, n'ayant ni hamacs, ni couverture, ni de quoi reposer notre tête et ne pouvant nous tenir debout. Les douze autres furent aussi très resserrés dans l'entrepont au-dessus de nous, les écoutilles fermées, et comme nous privés d'air, de mouvement, et des secours le plus nécessaires. La corvette mit à la voile à quatre heures du matin, nous nous en appercumes aux cris de l'équipage et bientôt après au mouvement des vagues. Le 22 Septembre à huit heures du matin on ouvrit une écoutille, nous entendîmes sonner la cloche pour le déjeuner de l'équipage, on nous jetta par les écoutilles un biscuit pour chacun de nous. Nos compagnonons firent appeller le capitaine qui se présenta au bord de l'écoutille, Marbois porta la parole. « Déportés qu'est ce que vous me voulés? » dit le capitaine : « Vous observer que le biscuit qu'on vient de nous distribuer est une nourriture à la quelle aucun de nous n'est accoutumé : nous avons des vieillards qui ne peuvent le mâcher, et celui-ci est tellement pourri que votre équipage ne le recevroit point. Nous demandons que vous nous don-

niés connoissance des ordres qui vous ont été donnés par rapport à nous. » — « Déportés, je n'ai point d'autre biscuit à vous faire distribuer, c'est la nourriture que je dois


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