Journal de l'adjudant général Ramel

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coup, et me somma à cause, disoit-il, du danger où nous étions de faire distribuer des cartouches. Je fus indigné de sa lâche impudence,

et comme je me laissai emporter

jusqu'à le lui témoigner vivement, j'observai que les grénadiers partageoient mon indignation, ces mêmes grénadiers qui une heure après marchèrent sous les ordres d'un officier qu'ils méprisoient et le suivirent au directoire... quelle leçon pour les chefs de troupes?... Peu d'instans après cette scène, je fis ouvrir les rangs pour inspecter ma troupe qui faisoit encore bonne contenance. J'arrivois à la troisième compagnie, lorsqu'aux cris redoublés de

Vive la

République, Augerau parut à la tête d'un état major si nombreux, que la première cour de la cazerne en étoit remplie. Plus de 400 officiers de tout grade parmi les quels je reconnus des hommes justement fameux. Tels que Santerre, Tunck, Yon, Rossignol, Pujet-Barbantane, Chateauneuf-Randon, Bessière, Fournier, Pâche, la veuve Ronsin en habit d'amazone,Dutertre et Peyron tous deux échappés

chard n'étoit qu'un patriote fripon, il devint bien-tôt patriote opprimé quand je voulus lui faire rendre gorge. J'étois le maitre de le traduire devant un conseil de guerre, je me contentai seulement de lui faire rembourser L. 60. j'ai toujours répugné à faire de la peine aux officiers sous mes ordres. Ce Blanchard est puissamment protégé par Reveillère passa la nuit du

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et

Rewbel, c'est chez ce premier qu'il

au 18 Fructidor. Ce Blanchard n'a jamais servi aux armées,

il n'a vu d'autre feu que celui du 13 Vendémiaire; et cependant cet homme aussi fourbe que vil, commande douze cents grénadiers de la garde du corps législatif. Je suis certain qu'il est généralement méprisé des officiers, et notament des grénadiers venus des armées. Cet officier ne connait aucun principe de l'état militaire. Je ne puis terminer cette note sans y ajouter une reflexion que je n'ai cessé

d'offrir aux législateurs, pendant le tems que j'ai commandé à Paris. La garde du Corps-Législatif se forme de douze cents grénadiers, si c'est une garde de sûreté contre le directoire, elle est trop faible, si c'est une garde d'honneur elle est trop forte. Un corps de troupes d'élite ne sauroit être que très dangereux à Paris, même à tous les partis. J'ai souvent proposé son licenciement ; on a du en trouver la proposition réitérée dans les papiers de la commission des inspecteurs.


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