Journal de l'adjudant général Ramel

Page 20

— 12 — devoir, que je n'avois d'ordres à recevoir que du Corps-Législatif et que j'allois les prendre; dans l'instant j'entendis un coup de canon si près de moi que je crus qu'on attaquoit mes postes, mais ce n'étoit qu'un signal, je fis prendre les armes à mes grénadiers, et me rendis aux thuilleries accompagné des chefs de bataillon Poinsard et Pleichard1, ce dernier, excellent officier en qui j'avois une juste confiance. Je trouvai à la commission des inspecteurs les généraux Pichegru

et Villot. J'envoyai des ordonnances chez le general Dumas, chez les présidens des deux conseils, Laffondladebat, pour les anciens, et Simeon pour les cinq-cents, je fis aussi prévenir les députés dont les logemens m'étoient connus dans le voisinage des Thuilleries, j'engageai le général Pichegru à venir reconnoitre l'investissement que nous trouvâmes déjà formé, je renouvellai au capitaine Vallière, commandant le poste du Carroussel, et au lieutenant Leroy, commandant celui du

pont tournant, l'ordre de tenir ferme, et de ne se retirer que sur un ordre signé de moi; nous rentrâmes à la commission, et lorsque je demandois des ordres pour la disposition de ma réserve, une ordonnance vint rendre compte que la grille du pont tournant étoit forcée, au même instant les divisions I. Le Chef de bataillon Pleichard fut toujours mon ami intime, nous avions

l'un dans l'autre une Confiance entière, je connois peu de militaires plus instruits, plus remplis de qualités civiles et morales, plus rigides observateurs de la discipline, enfin plus républicains que mon ami ; toutes ces qualités, particulièrement son attachement pour moi, et son profond mépris pour Ram-

poneau-blanchard, lui ont valu la haine des triumvirs, et des représentants proscripteurs, et par la suite sa destitution. Les Capitaines Sibelman, Lambert, Duveyrier, tous mes amis et excellents officiers, les lieutenants Teissier, Blot,

Thibaudeau, Lariviere et Béthisy ont eu le même sort, ils avoient commis le crime de dire que Blanchard n'étoit qu'un fripon et un lâche ; il est bon d'observer que tous ces officiers destitués sont les seuls du corps des grénadiers

qui eussent été choisis dans les armées, où ils s'étoient particulièrement distingués. Mais à present nous avons le fin mot, le pillard de Mayence, Rewbel veut

qu'on

se défasse des militaire qui ont

bien

servi

leur pays, disant qu'il

serait dangereux de se rappeler leurs services. — Avis aux Armées.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.