Journal de l'adjudant général Ramel

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— 119 — Depuis le 36me jusqu'au 50me degré nous eumes une affreuse tempête pendant la quelle nous vimes périr 4 bâtiments du convoi, et la flute l'Etrusco qui s'engloutit après avoir perdu tous ses mats. J'élague les détails de notre fatiguante navigation qui dura soixante quatre jours. Le 20 septembre on eut vue de la terre, nous entrâmes dans la Manche, où contre notre attente, nous trouvâmes des vents très doux, et la mer belle, nous découvrimes les côtes d'Angleterre, et bientôt après celles de France : je tressaissis en les voyant, et je fus profondément attristé, mon cœur s'échappoit toujours de ce côté, et je ne pouvois comprendre qu'au de là de cet horizon il n'y eut plus pour moi de patrie. Le 21, jour anniversaire de notre départ de Rochefort. Nous mouillames à la rade de Deal. Le capitaine Lobb alla prendre les ordres de l'amiral Peyton, on ne nous permit pas de descendre à terre. On rendit compte au gouvernement de notre arrivée. Le 24, la frégate l'Aimable qui avoit été fort avariée pendant la tempête et qui ne pouvoit tenir plus long tems en rade, dut se rendre à Sheerness. Nous fîmes nos adieux au

capitaine Lobb dont l'intérêt et les recommandations nous avoient précédés, et nous suivirent à bord du vaisseau l'amiral l'Over-Yssel, où nous fumes transportés; les officiers anglois redoublèrent envers nous de soins et de prévenances comme pour nous montrer que les procédés du capitaine Lobb n'étoient pas seulement un effet de son caractère particulier, mais encore de la générosité qui distingue les officiers de la marine anglaise. Le 27, le gouvernement ayant donné ordre de nous faire venir à Londres, nous fumes embarqués sur un Cutter, dont le commandant nous combla d'attentions. Nous mouil-


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