Journal de l'adjudant général Ramel

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— 106 — développaient les symptomes d'une grave maladie, et le pauvre Barrick qui avait une fièvre ardente. Nous étions tous hideux, brulés par le soleil, et par la réverberation de la mer, enflés et déchirés par les piqures des insectes, nos vêtements n'étaient pas en meilleur état que nos corps, quelques-uns n'avaient pas de souliers, nous rajustâmes de notre mieux nos guenilles, nous rougissions, non pour nous, mais pour noire patrie de paraître en cet état aux yeux des étrangers. Le 13 au matin un colon dont l'habitation n'est pas éloignée de Monte-Krick vint nous prier de venir chez lui, et nous fit les offres les plus obligeantes sans soupçonner qui nous étions, il insista pour nous amener chez lui sur le champ, nous nous disposions à le suivre, lorsque Villot de qui c'était le tour de service? pour garder notre chère pirogue apperçut de loin un cavalier et nous appella. Pichegru reconnut les marques distinctives du service d'Hollande, et nous assura que c'était un officier supérieur. Celui-ci à la vue de notre case designee sans doute dans le rapport du commandant, pique des deux, met pied à terre, monte dans la chambre où nous étions rassemblés, et demande avec une extrême, agitation, « Mr. Gallois, Mr. Picard êtes vous ici?» Barthélemy et Pichegru se présentent vétus d'une mauvaise veste de toile grise, le Général Hollandois lit un mouvement de surprise et d'indignation, puis il les embrassa plusieurs fois et nous pressa lour a tour dans ses bras, ne pouvant pendant quelques instants proférer une seule parole. « Messieurs, nous dit-il, après un instant de dilatation,

vous avez bien jugé notre gouverneur, il vous attend avec impatience, et tous les habitants de Surinam sont également touchés de vos malheurs. » Nous fondions en larmes et l'excès de la joie manqua d'être


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