Journal de l'adjudant général Ramel

Page 111

— 103 — qui parloient françois, nous eussent expliqué les ordres qu'ils avoient reçus, nous les menâmes vers la pirogue, ils la tirèrent à terre, et se mirent à la réparer avec le plus grand zèle, beaucoup d'adresse et d'activité. A six heures du soir, Barthélemy et la Rue arrivérent, ils etoient si joyeux, et si troublés, qu'ils ne songèrent pas même à nous apporter une bouteille d'eau. Nous ne pou-

vions comprendre que Barthélemy eut retrouvé assez de force, pour fournir une course de huit lieues sur des sables brulants. Notre pirogue étoit déjà reparée, les flots paroissoient

appaisés, nous aurions bien v oulu nous embarquer sur le champ, mais il falloit attendre la marée, les ouvriers que nous recompensâmes de notre mieux, et que nous étions fachés de retenir pendant la nuit, avoient ordre de ne pas nous quitter que nous ne fussions en mer. L'état de Barrick empiroit, cette nuit, que nous devions passer encore au milieu des insectes pouvoit être la dernière pour Barrick, qu'on n'oublie point que ce brave homme dont la force phisique égaloit le courage et la vertu, avoit souffert un cruel supplice, pendant les deux jours qu'il avoit passé dans les bois de Sinamary pour attendre le moment de notre éva-

sion. Nous n'avions plus un instant à perdre pour sauver notre sauveur. Le 11 juin au point du jour, Barthélemy, la Rue, Aubry et Dossonville, s'acheminèrent à pied le long de la plage vers le fort de Monte-Krick, pour y demander azile pour les

pauvres marchands naufragés, et nous faire préparer a manger.

Quelques heures après, à la haute marée Pichegru, Villot le Tellier et moi, nous remontâmes dans la pirogue, que les ouvriers poussèrent vigoureusement au large en nous disant adieu,

Barrick mourant, reprit le gouvernail, et un peu


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.