Voyage à Cayenne dans les deux Amériques et chez les anthropophages.Tome second

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( 74 ) d'une fièvre chaude ou putride ;

ceux - ci

meurent de peste, ceux-là de défaillance, de dégoût, de consomption , de mal-propreté. Il n'y a pas quinze jours qu'ils sont arrivés, l'hôpital et les karbets sont pleins de malades; les ongles leur tombent, leurs jambes et leur corps sont enflés, gluans , pleins de pustules. Ils infectent l'air, et ne prennent que des alimens salés , cuits dans l'eau de mer. Le boulanger se sert de celle eau pour faire le pain. Leurs tisannes sont également salées. Le gouvernement paie cinq pécheurs pour les malades, et le poisson frais, qui vaut quatre sous la livre, leur est vendu quarante. Gernerd et Beccard en partagent le profit; le poisson salé que le gouvernement leur envoie se paie le même prix ; une couple de poulets coûte douze francs, et c'est une protection d'en avoir à ce prix. Ils ne peuvent se procurer un seul fruit pour se désaltérer. Les nègres et les fripons dont je vous donnerai la liste , se coalisent pour leur arracher leurs effets. Prévost tolère ce brigandage ; il s'absente, du poste pour aller à la case Boudreau , où il passe sa vie dans la débauche avec les négresses. Dans un mois, la peste fit de si grands ravages, qu'aucun d'eux ne put


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