Voyage à Cayenne dans les deux Amériques et chez les anthropophages.Tome second

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( 43 ) pas le fruit de ses travaux.... O Providentia ! o altitudo sapientioe ! . . . Mouton paresseux, quadrupède gros comme un bon chat, a le front d'un singe,le museau rond et un peu cave , les yeux petits d'un gris mort, les dents petites et peu aiguës: le poil rude, brun et blanc sous le ventre, aux pattes et à l'oréole de l'orbite de l'œil. Les pattes longues et musculeuses armées de cinq crocs d'une corne dure et extrêmement aiguë. On l'appelle mouton, parce qu'il no fait de mal à personne. L'existence est un supplice pour lui : quand on le touche, il pousse un cri aigu , entr'ouvre à peine sa gueule et ses yeux comme un être attaqué d'une violente crispation de nerfs. II a si peu de cénovie dans les jointures et de mobilité dans les vertèbres, qu'il ne remue de place que pour manger: il se nourrit de feuilles de mont-bin, arbre très-commun , dont le fruit ressemble, pour la forme, à nos prunelles de mirabelle. On l'appelle mouton paresseux , parce qu'il reste sur l'arbre jusqu'à ce qu'il l'ait dépouillé de toutes ses feuilles. Si l'ambitieux alloit à son école, il borneroit ses désirs , et ne mouilleroit pas la terre et de sang et de larmes.


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