Voyage à Cayenne dans les deux Amériques et chez les anthropophages.Tome second

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( 40 ) lecture , ou de mon ouvrage , après avoir arrangé mon retour en France , j'ai fait redire aux échos des bois : Mon cœur est libre. je ne me reproche rien ! Quanti la mer venoit lécher mes pieds nus et hâlés par le soleil, je me sauvois en riant, et perché sur un cèdre brisé par les torrens et jeté sur le rivage, je contemplois sans effroi le silence de la nature et la fureur des vagues, que je défiois d'approcher jusqu'à moi. Mon cœur suppléoit à la monotonie du spectacle, par la présence de mes amis de France qui , dans un clind'œil, venoient de deux mille lieues se ranger à côté de moi, pour voir le désert. Comme je profitois de leur surprise ! Une heure après, j'allois les rejoindre à Paris , je les surprenois; mon exil étoit mon triomphe; je ne pouvois suffire à leurs questions. Quand le sommeil ou le repas me distrayoient de ces heureux songes qui étoient toujours nouveaux pour moi, je me disois avec ivresse. : Je n'ai doncplus d'inquiétude pour vivre ; que je suis heureux ! Un autre jour, je fouillois le terrier d'un cabaçou, ou" d un tàtou , cochons de terre , dont le dos est couvert d'écailles qui ne redou-


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