Voyage à Cayenne dans les deux Amériques et chez les anthropophages.Tome second

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( 347 ) taine descend à terre, nous laisse en rade et. veut nous consigner. Un officier de santé nous visite , nous obtenons la permission d'aller à terre pour faire des vivres Nos cœurs étoient bourrelés de nous voir esclaves sur un sol où tout ce qui respire jouit de la plus grande liberté. Quoique Newport ne fut pas notre patrie, nos cœurs tressaillirent de joie en y abordant, parce que ce n'étoit plus le sol de Cayenne. Il faudroit pouvoir peindre la contenance d'étrangers comme nous, errans dans les rues et fixant les habitans de la ville, pour qui nous ne sommes que des machines ambulantes, et qui ne nous paroissent que des automates vivans. C'est bien Nicodême débarqué dans la lune , disant aux habitans : « Je ris d'être risible ; vous riez de me voir si niais ; rions donc de nous voir sans nous entendre.» En gesticulant au lieu de parler , nous fîmes bientôt comprendre que nous demandions à dîner, et un interprète. Un marchand nous conduisit chez M. William Eins, qui parle toutes les langues. Il nous questionna beaucoup sur Cayenne, sur nos malheurs, et nous fit rafraîchir. Quand nous voulûmes trinquer avec lui


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