Voyage à Cayenne dans les deux Amériques et chez les anthropophages.Tome second

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( 344 ) l'honnête, homme que la fortune disgracie Nous ne songions qu'au bonheur de toucher le sol des zones tempérées. New-Yorck étoit tout ce que nous desirions. Au bout de douze jours, le capitaine nous fit entendre que nous relâcherions à Newport pour ne pas faire quarantaine à New-Yorck, parce que c'étoi t le tems de la fièvre jaune ou de la peste, et que nous venions des pays chauds. Cette nouvelle nous consterna ; nous pouv ions rester un mois dans ce petit port , faire encore quarantaine à New-Yorck , manger nos fonds , manquer l'occasion du départ et nous voir réduits à une condition pire que celle dont nous sortions. Nous ne présumions pas que les étrangers pussent s'intéresser à nos malheurs et à nos personnes, qui leur étoient inconnues. L'univers depuis long-tems étoit concentré pour. nous sur les fronts rébarbatifs , dédaigneux ou indifferens des affidés de H..... ; et malgré que l'expérience et la raison réclamassent contre cette misantropie locale , l'habitude du malheur nous enveloppoit sans cesse d'un nuage d'effroi. Nos haillons et nos mines déconcertées., servoient de jouet au capitaine et à l'équipage , qui nous molestoient grossière-


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