Voyage à Cayenne dans les deux Amériques et chez les anthropophages.Tome second

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( 335 ) de mes nouvelles que par un événement malheureux qui nous est survenu dans la traversée. Nous avons été six semaines à réparer les avaries faites au bâtiment de la Chiffonne sur laquelle j'etois embarqué. Notre départ précipité nous a fait faire plusieurs conjectures ; nous ne savions si c'étoit pour profiter du bon vent, ou pour éviter les Anglais, qui nous observoient depuis long-tems avec deux frégates de 18 et deux vaisseaux rasés, que le mauvais tems avoit obligés de gagner la côte. Cette nuit fut terrible , je crus qu'elle seroit la dernière de ma vie ; la mer étoit si houlleuse, que l'équipage, dans un morne silence , sembloit entendre sonner sa dernière heure ; enfin nous en fûmes quittes pour l'effroi : un vent favorable enfla nos voiles jusqu'à la hauteur de Cayenne où nous croyions aller. ( Ils y étoient attendus , et l'agent nous a dit qu'il comptoit les envoyer de suite dans le désert, sans leur permettre de mettre le pied dans l'île. ) Nous prenions patience ; mais quelle fut notre surprise et notre douleur , lorsque, le 9 prairial, nous longeâmes sa hauteur-! que de pensées , que de troubles agitèrent notre cœur, bouleversèrent, confondis-


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