Voyage à Cayenne dans les deux Amériques et chez les anthropophages.Tome second

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( 22 ) près des bords de la mer ; nous n'avons point de noirs , les habit ans n'en peuvent pas avoir assez; quand le gouvernement nous en céderoit, qu'en pourrions-nous faire depuis qu'ils sont libres et que Jeannet nous peint à leurs yeux comme des tyrans? Il faudroit donc travailler nous-mêmes, et nous sommes moribonds ; nous n'avons point de vivres pour atteindre la récolte; viendra-t-elle dans vingt-quatre heures? Enfin , nous ne sommes que trois; donneznous donc à manger. « Travaillez, dites-vous;» la chose est impossible, vous en convenez vousmême dans votre lettre au ministre des colonies, en date du 3 messidor an 6. La culture ne peut être faite dans ces climats par les Européens ; le blanc qui travaille le moins et qui se soigne le plus, dégénère sensiblement sous la zone torride. Celui qui y brave le soleil, qui ose y travailler comme en Europe, paie de sa vie son ignorance et son courage. Nous n'avons plus d'espoir que dans nos voisins... Par quelles étamines faudra-t-il passer pour nous acclimater au sol et aux hommes ? Ceux qui nous donnent à diner aujourd'hui ne sont pas changeans, mais ils ont des dé-


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