Voyage à Cayenne dans les deux Amériques et chez les anthropophages.Tome second

Page 288

( 278 ) auprès du premier saut, les Indiens qui m'accompagnoient me chargèrent sur leur dos pour me mettre à terre. Nous entendions l'eau qui tomboit avec un bruit affreux ; le lit de la rivière étoit obstrué par des montagnes, qu'elle franchissoit en formant des cascades qu'on appelle sauts. Mes guides se laissèrent aller au courant, et tombèrent en riant dans le vortex écumeux. J'allois moins vite que mes plongeurs, et j'observois avec effroi les immenses prairies qui m'environnoient. Je vis un cadavre arrêté par les cheveux dans les roches du saut ; j'appelai mes Indiens ; ils reconnurent le fils du grand Barca. Nous trouvâmes son père fracassé dans sa barque , qui s'étoit perdue dans un recoude couvert de roseaux. Mes guides les maudirent , et moi je les plaignis en pleurant Lisbé. Nous mouillâmes sur les bords de Konanama : je m'y arrêtai quelque tems à fixer les ruines des karbets de mes compagnons ; j'en pris le plan. Les Indiens retournèrent à leur villageet moi à Synnamary, et de là à Koroni, sur les bords de la mer, à 14 lieues au N. E. de Cayenne.

Fin de la quatrième partie.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.