Voyage à Cayenne dans les deux Amériques et chez les anthropophages.Tome second

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( 263 ) ydoman reprit la suite de nos désastres ; il avoit vu égorger son père avec qui il avoit été pris. Ses vainqueurs l'avoient attaché à un arbre , pendant qu'ils égorgeoient ses compagnons. Il s'est sauvé, a erré à t'aventure aux alentours des karbets où il revenoit, quand il a trouvé ses deux sœurs qui se désoloient au bord d'un étang, et il nous conduit à la montagne de Tonga. La nuit nous surprit, nous allumâmes de grands feux et nous criâmes pour épouvanter les animaux voraces. Quand le sommeil gagna mes guides, ils voulurent aller dormir loin de moi. Je les retins.—«Mon Banaret, dit Ydoman, je ne veux pas mettre ta vie en danger. L'odeur du roucou dont nous nous frottons, attire le tigre; s'il est seul et que je dorme auprès de toi, il te laissera pour me prendre ; mais s'il vient en troupe , «il ne fera pas de choix. » Son observation est juste; qu'un Indien, un noir et un blanc dorment à côté l'un de l'autre, le blanc, parce qu'il n'a point d'odeur, sera le pis aller de ces animaux carnivores. A la pointe du jour, nous regagnâmes nos karbets. Lisbé en revoyant ses enfans , poussoit des hurlemens de joie. Son père qui se chauffoit auprès du fourneau où rôtissoit ta cassave

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