Voyage à Cayenne dans les deux Amériques et chez les anthropophages.Tome second

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( 254 ) L'écho des bois silencieux et sombres retentît du nom d'Eglano. Cette petite est la mienne, depuis la fin malheureuse de son père. Lisbé, dont les attraits, n'avoient eu rien que de sauvage à mes yeux, est ma compagne, ma maîtresse , ma femme et ma meilleure amie O nœuds serrés par le malheur et l'innocence, que vous avez de force et de charmes ! Pour qu'elles reconnoissent ma voix , je fredonne la chanson qu'elles me font répéter si souvent. Vos messieurs de la grand'ville Se bataillent nuit et jour: Plus heureux dans notre asile, La paix y fixe l'amour. Des biens ou de la misère Nous ne savons que le nom; A nos bras jamais la terre Ne refuse de moisson. LES

FEMMES.

On nous bat, on nous caresse, Nos maris nous font des loix ; Pour un moment de tendresse, Nous leur cédons tous nos droits. Le lendemain de l'ivresse, Ils préviennent nos désirs; Nous savons avec adresse (I) Unir la peine aux plaisirs. (I) L'hymen est un dur esclavage pour les femmes indiennes ; elles servent de chien de chasse et de bête de somme


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