(251 ) venir m'aider cette nuit à enterrer nos morts, car le grand Lama nous puniroit de les laisser manger aux corbeaux. » A la nuit, le bon vieillard s'endormit entre ses deux enfans, et je suivis Lisbé ; nous descendîmes le torrent, que nous traversâmes sans peine dans un lieu où son lit étoit plus large. La lune dans son plein , nous montroit son disque ensanglanté , il étoit huit heures du soir, nous remontâmes aux karbets, ou plutôt aux ruines: je m'attendris de nouveau sur ce spectacle d horreur et de désolation. Après avoir caché les restes des malheureux sous les décombres du Sura ,
nous visitâmes le champ
de bataille; amis et ennemis lurent couverts de terre ou cachés dans les ravins, que nous comblâmes avec des branches d'arbres. La lune étoit
au milieu de son cours ,
nous
étions épuisés , mais ces lieux pleins d horreur ne laissoient pas approcher le sommeil de nos paupières ; je ne craignois ni les ennemis, ni la mort; ses ravages me faisoient frémir, sans que je la redoutasse, et je me eroyois immortel au; milieu du trépas. Je voulois trouver Hyroua; comment le reconnoitre ? nous avançons jusqu'au lieu où l'ennemi avoit eu son camp de