Voyage à Cayenne dans les deux Amériques et chez les anthropophages.Tome second

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( 246 ) battans. . . . . . . . . . . J'étois armé d'un boutou Ô Dieu! ce n'est point une bataille , ce n'est point un carnage, c'est quelque chose de plus affreux. Chaque vainqueur emporte son vaincu , le déchire , comme un lion se venge sur le chasseur qui l'a blessé; la tête enfoncée dans les flancs des mourans , ils ne se donnent pas le tems de respirer. Hyroua, mon cher Hyroua, mon cher guide en renverse deux à ses pieds , trente accourent, le saisissent et l'égorgent ; les nôtres volent à son secours ; je ne puis les suivre. La mère échevelée, se meurtrissant le sein, laisse ses enfans pour voler à son mari. Je la saisis, l'entraine par les cheveux ; elle se résout à fuir avec ses deux filles et son père. Tandis que les nôtres sont repoussés de toutes paris , nous courons au rivage d'un torrent voisin, où notre canot étoit attaché.... Rendus à l'autre rive, nous brisons la nacelle, nous nous enfonçons dans le bois. Je porte le père d'Hyroua sur mes épaules; ce vieillard aveugle et octogénaire disoit à sa fille... « O Lisbé , Lisbé , tue» moi donc, tue-moi donc, mon fils est mort... » Nous gagnons un fourré épais qui forme un berceau ; la famille éplorées'y repose à la lueur argentine de la lune , qui semble éclairer nos


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