Voyage à Cayenne dans les deux Amériques et chez les anthropophages.Tome second

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( 228 ) prennent le boutou. « Mon Dieu ! ils vont » s'assassiner , dis-je à la femme , courons les » séparer.—Gardez-vous-en, dit-elle, vous se» riez leur première victime. «Tranquille spectatrice, elle ajoute tout bas : « Il m'en reviendra autant tout à l'heure. » — Le galant, plus adroit que le mari, lui décharge un coup de boutou sur la tête qui le met hors de combat. La femme s'élance sur le vainqueur, lui coupe un bras et lui entrouvre le crâne ; il tombe mort à ses pieds. L'assemblée pousse de grands cris, et claque des mains en signe de réjouissance et d'applaudissement. Les spectateurs à l'instant , comme s'ils se fussent donné le mot,, s'arment tous de leurs boutous pour battre leurs femmes ; des cris aigus retentissent au loin; ces malheureuses, loin de fuir, ce qui est un opprobre pour elles , se défendent foiblement , toujours sous les poings de leurs bourreaux. Outré d'indignation et frissonnant d'horreur, j'en arrache une des mains du tigre qui lui avoit ensanglanté le visage et meurtri le sein. Son arme étoit entrelacée d'une poignée de cheveux qu'il lui avoit arrachés ; le sang ne pouvoit être étanché par le sable ; elle se relève , s'échappe , saisit l'arc de son mari et


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