Voyage à Cayenne dans les deux Amériques et chez les anthropophages.Tome second

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sa mère ; je ne m'étois pas aperçu de son absence, par l'attention que je prètois à ce que me disoit le père. Ces bottes de halier suspendues aux arbres , étoient des herbes enchanteresses pour l'espèce de gibier qu il desiroit avoir : je connois , dit-il, la vertu des. plantes, leurpoison, et leurs charmes attracteurs pour toutes sortes d'animaux ; en effet il frotta sa ligne, y mit un appât, et prit sur le champ un haymara , espèce de brochet que je lui désignois. Ce peuple a les yeux d'un aigle , l'ouïe d'un aveugle, les pieds d'un cerf, la sagacité d'un chien de chasse , et l'adresse d'un dieu. Nous entendîmes au fond du bois un cri perçant, c'étoit l'enfant qui étoit allé chercher sa mère : un serpent à sonnettes l'avoit entrelacé et mordu au bras droit ; le père sans se déconcerter, courut à l'animal, le prit, l'éventra, en prit le foie, en exprima le sang, l'immisça au jus d'une liane , ouvrit la bouche de son fils, lui en fit boire; il commença à respirer. Le père frotta ensuite bras malade, et au bout d'une heure l'enfant en fut quitte pour quelques nausées. On voit en Amérique des descendans de


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