Voyage à Cayenne dans les deux Amériques et chez les anthropophages.Tome second

Page 23

( 13 ) pour ces deux exilés , avec une grande semonce à Jeannet qui ne fit qu'en rire et leur intima l'ordre de sortir de Cayenne sur-le-champ. Leur système avoit donné une si odieuse célébrité à leurs personnes , qu'au moment de leur départ , toute la ville accourut au rivage en élevant les mains au ciel avec des transports de joie. Coliot couvroit sa ligure de sa longue redingotte liserée de rouge. Billaud tranquille marchoit à pas comptés, la tète haute, un perroquet sur son doigt qu'il agaçoit d'une main nonchalante , se tournant par dégrés vers les flots de la multitude à qui il donnoit un rire sardonique. ne répondant aux malédictions dont on le couvroit que par ces mots a qui.l'accent donne beaucoup d'expression dans la bouche d'un homme de son caractère : Pauvre peuple ! .. . Jacquot ! . . . . Jacquot! .. . Viens-nous en , Jacquot ! .... Quelques partisans les suivoient de loin la larme à l'œil, plaignant l'un et admirant l'autre. Dans ce moment Billaud avoit tant d'expression dans ses traits , que d'un même regard il disoit au peuple: Vous brisez mon idole, parce qu'on vous l'ordonne , et à ses affidés : Ne vous découragez pas, notre parti triomphera et ces malédictions se changeront en


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.