Voyage à Cayenne dans les deux Amériques et chez les anthropophages.Tome second

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( 174 ) Malvin avoit fui, sans donner d'ordre à sa troupe , que quelques-uns de ses gens avoient frappé des habitans et des déportés, qu'ils en avoient volé un grand nombre et tiré des coups de fusils dans les karbets. Ces actes de violence furent autant de brevets auprès de Burnel ppur conserver à Malvin sa place d'officier municipal et l'impunité à son équipage. Je n'ai jamais vu de crise plus critique que celle de Cayenne à cette époque ; l'agent et sa cour, d'un côté, ne voyoient que la mort ; les habitans et les déportés que le pillage et le meurtre. Chaque jour éclairoit de nouvelles persécutions. L'agent scrutoit jusqu'au fond de l'âme tout ce qui l'entouroit ; il arrachoit les habitans et les déportés de leurs retraites ; il les incarcéroit sans raison et les relaxoit de même ; il s'en flammoit, s'appaisoit, proposoit des mesures, les combattoit, les adoptoit, les rejettoit dans le même instant ; enfin, nous vivions dans le désespoir et l'effroi. Il feignit de battre en rettraite pour revenir à la charge et frapper un coup sûr dans le silence. Il se décida à déporter tous ceux de l'état-major du bataillon d'Alsace dont il avoit quelque chose à redouter. Le mécontentement éclata, il venoit


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