Voyage à Cayenne dans les deux Amériques et chez les anthropophages.Tome second

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goutte d'eau , le soldat court dans les karbets, n'en trouve point, va chez le garde-magasin, saisit un sapyra (1) plein d'eau de vaisselle, l'apporte à ce moribond qui le saisit à deux mains, boit deux ou trois gorgées et s'écrie : « Ah ! mon Dieu, que c'est bon, vous me faites » revivre ! » Il reprend le vase, le tarit avidement, et se sentant étouffer, aspire et dit: « Au moins j'ai encore vécu... mais... Ah ! mon Dieu.... » A ces mots il retombe dans son hamac et expire... Au commencement de vendémiaire an 7 ( 1er octobre 1798), les nègres voyant que Prévost étoit a s'amuser chez Boudreau à une lieue au levant , se mirent à la débandade pendant trois jours. Un soir , qu'ils étoient enluminés de tafia , ils courent au pillage dans l'hospice , retournent les malades dans leurs hamacs. Cas malheureux crient au secours, mais tout le poste garde le silence. (1) Le sapyra est un plat rond coloré en banderolles, en forme de soupière, dont le fond est étroit et le ventre très-large ; s'évase encore à son embouchure. C'est une poterie des femmes indiennes, les hommes la mettent en couleur et s'en servent pour boire du cachyery.


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