Voyage à Cayenne dans les deux Amériques et chez les anthropophages.Tome second

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rudoyoient, disant à ceux qui pouvoient encore se soutenir: Vous, n'êtes pas malades, puisque vous êtes debout, et que vous marchez. Les malheureux se traînoient chez Henry , ou au magasin, pour prendre leur ration, que Beccardet Gerner leur délivroient très-chichement , en les maudissant. Les nègres laissoient pourrir les malades dans leurs lits , leur demandoient vingt-quatre sols pour leur extirper les chiques. Garnesson. Vandersloten, Bailly, Mathieu, Vanhessvic, et trente autres, avoient les jambes si enflées par la négligence des infirmiers, que quelques-uns n'ont point été déchaussés, et tous avant de mourir voyoient sauter les vers qui sortoient de leurs cadavres. (Extrait du journal du chirurgien.) La plupart de ces malheureux attaqués de peste et scorbut , n'ont cessé de vivre, que quand les vers ont eu gagné leurs intestins. Ce fléau provenoit des chiques qu'ils ne pouvoient pas faire extirper faute d'argent, tandis que les nègres étoient engagés pour les servir. Les déportés restoient dans leurs Larbets pour être soignés par leurs camarades plus attentifs que les nègres qui les laissoient mourir de soif ou de consomption.


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