Voyage à Cayenne dans les deux Amériques et chez les anthropophages.Tome second

Page 107

( 97 ) D'un autre côté les malades me cassent la tête la plupart du tems : je n'ai rien à leur donner à souper. Ce désert sera notre tombeau à tous. On n'a point creusé de puits ; nous mourons de soif et de chagrin. Il faut remonter bien haut vers la source de la rivière pour trouver de l'eau douce, et souvent nous n'en avons pas une goutte a cinq heures du soir. Quant aux pêcheurs, je vous prie de m'en procurer d'autres ; ceux du citoyen Boudreau sont beaucoup plus actifs. Le 18 fructidor , nous avons reçu par le lougre le Brillant cinq déportés : tous me harcellent continuellement pour une augmentation de vinaigre, pour corrompre la crudité de l'eau qui est saumàtre et scorbutique. Vous avez sans doute connoissance d'une pétition que les malades adressent au citoyen agent ; ils prétendent que la viande salée est contraire à leur santé: qu'on doit les nourrir, une partie de la semaine, du poisson et de la chasse des nègres attachés au service du poste. Ils prétendent aussi qu'on doit les blanchir pour rien , leur donner du vin et du sirop pour faire de la limonade ; enfin ils font les réclamations les plus absurdes. Je vous prie de me Tome II. G


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.