Voyage à Cayenne dans les deux Amériques et chez les anthropophages.Tome premier

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( 32 ) leur magasin de couteaux. Il faut en acheter malgré soi ; elles nous suivent par-tout, nous promettent leurs faveurs pour un couteau. Tout se vend , se troque et s'achète' ici pour un couteau ; l'amour s'y trafique pour un rasoir ou pour un couteau. Ne croyez pas qu'on y voie plus d'Abailard que dans nos cloîtres; on n'y voit même pas de Fulbert. Ce commerce est du goût des petites filles; les païens les envoient à tous les étrangers. Sont-elles jolies, le père y trouve son compte, l'étranger le sien, et la vendeuse est la mieux .servie. C'est à la galanterie des jolies châtelleraudaines que nous devons ce proverbe d'amour, je te donnerai de petits couteaux pour les perdre. Les châtelleraudains sont actifs, polis, spirituels et industrieux; ils ne devroient pas borner leur commerce à la coutellerie , qu'ils ne perfectionnent point, et qu'ils livrent à trèsbon compte : les marchands ne s y portent point envie comme dans les autres villes. Notre aubergiste , qui est coutellier , laisse monter les autres voisines. Jusqu'à huit heures, les marchandes sont à la queue les unes des autres, En passant ici, le général Dutertre , qui escortoit les seize premiers déportés , s'est donné la


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