Voyage à Cayenne dans les deux Amériques et chez les anthropophages.Tome premier

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( 287 ) inventer aux poètes philosophes, qui ne peuvent pas plus que nous en expliquer la cause , la fable du cygne chantant sur le bord de sa fosse. Mais cette vertu attractive est très-commune dans les bois ; la couleuvre, en Europe, charme également le rossignol, et l'homme porte luimême dans ses yeux un poison très-subtil. Que deux personnes se fixent long-tems, peuà-peu la rétine enflammée crispera le nerf érecteur; le rideau de l'œil ne s'abaissera plus, et celle qui aura la vue la plus foible tombera en syncope. Je raisonne ici d'après mon expérience. — Nous courions pour délivrer ces pauvres victimes. — N'avancez pas, nous dit un nègre qui nous avoit accompagnés : ce monstre se jetteroit sur vous. » Il nous en, fit la description; il est noir, marqué en carreaux comme nos grages (rapes du pays); il fuit la société; il porte l'effroi avec lui ; il ne se plaît que dans les sombres forêts, dans les terres moètes ; il se plie en cercle sur lui-même . sa tête au milieu , pour se lancer sur le voyageur ou l'animal qui le distrait, l'éveille ou le dérange ; il abhorre la lumière. Si durant la nuit des guides portent des flambeaux à un voyageur égaré près d'un grage , il siffle, saute à la


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