Voyage à Cayenne dans les deux Amériques et chez les anthropophages.Tome premier

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( 253 ) gourmandes; les grappes les plus près de la terre, pèsent sur le dernier rang de feuilles, qui sèchent et tombent à mesure que la cime enveloppée d'une toile comme nos cannevas, brise sa natte deux fois par mois, pour éjaculer

une

nouvelle

sève. Le cocotier n est

point hérissé de piquans comme les autres palmistes, a qui il ressemble pour La feuille, et dont il diffère pour le fruit. Il donne, comme le Maripa et le Tourlouri, le fameux vin de palme, dont les Africains sont si gourmets, (1) La fatigue nous invite au sommeil; la curiosité, le chagrin, le plaisir de marcher sans gardes , nous font braver les insectes et

oublier les

douceurs du repos; nous nous enfonçons dans (1) Le vin de palme est pétillant, liqueureux , d'un

doux-aigrelet et agréable , il ne se conserve que peu de jours ; on l'obtient de deux manières , en abattant l'arbre, le brûlant par une extrémité, tandis qu on perce l'autre pour

y

mettre dessous un vase creux qui

reçoit la sève liqueureuse que le feu distille ; ou bien on grimpe à la cime , on l'incise , on y suspend une outre, on met le feu au pied , ce qui produit le même effet, quoique le palmier ne soit qu'un tube noueux , dont le tour est dur comme le fer, et le cœur filandreux; il est si vivace qu'il renaît du milieu des flammes , quand elles ont épargné quelques parties, de son contour.


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