Voyage à Cayenne dans les deux Amériques et chez les anthropophages.Tome premier

Page 313

( 249 ) sommes à l'embouchure d'une rivière très-rapide, agitée par un vent violent; il y a douze lieues de mer jusquà Kouron. La grande terre forme une pointe à une lieue au nord-ouest. La route par terre est plus courte , mais il faut passer sur un sable mouvant, nous entrons dans la crique Méthéro , petite saignée faite par le reflux de la mer. Cette crique est entourée d'islets. On respire la fraîcheur et la paix sur ces bords couverts de palétuviers rouges dont les racines sans fin s'entrecroisent et descendent de la cime jusqu'au fond de l'eau vaseuse, nous y débarquerons ; chacun frappe de son pied la terre et casse une branche de bois verd en s'écriant : «Nous ne mourrons pas sant avoir mis le pied dans l'Amérique ». Margarita revient avec moi dans le canot, pour escorter le bagage. Nous rentrons en mer, et nous voguons à pleines voiles, au bruit du canon du neuf thermidor. Nous sommes à deux lieues et demie de Cayenne.— Mon ami, dit » Margarita , il y a quatre ans à pareil jour et » à pareille heure , le tocsin sonnoit à la com» mune et à la convention , nous étions entre » deux écueils ; aujourd'hui nous sommes dans » une frêle nacelle, exposés aux vagues d'une » mer écumante...» Une douce mélancolie nous


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.