Voyage à Cayenne dans les deux Amériques et chez les anthropophages.Tome premier

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( 225 ) lits. Le pays nous fait végéter comme les plantes. Aujourd'hui mon voisin se porte bien, demain il a la fièvre chaude, après demain on le porte en terre. Il y a huit jours que Bourdon (de l'Oise) et Tronçon-Ducoudrai étoient à la chasse : avant hier ils buvoient du punch et projettoient une partie pour le lendemain, ils sont enterrés ce malin , et Brotier qui les a soignés dans leurs derniers momens, est mort hier au soir d'un coup de soleil. On croiroit qu'ils sont empoisonnés. L'air et le soleil de la Guyane, sont les venins les plus subtils; aucun de nous n'est dangereusement malade, et au mois d'octobre, la moitié sera morte. Le plus habile docteur de France ne seroit ici qu'un ignorant. Noye tient la lancette d' Esculape, et il le mérite par ses talens; il vous enseigne son art en peu de mots: « Otez-moi » les cantharides, la lancette, l'opium, l'émé» tique et la seringue, je ne suis plus méde» cin. » Cet Hypocrate fait pourtant chaque jour des cures que Pelletan et Dessaux auraient enviées. La pratique vaut mieux que la théorie. Le pharmacien Cadet, dans son laboratoire, auroit dépeuplé la Guyane en quinze jours. L'émétique, le jalap, la saignée, les laTome I.

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