Voyage à Cayenne dans les deux Amériques et chez les anthropophages.Tome premier

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aller ceux qui ne trouveront point d'asyle et qui n'auront pas les moyens de former des On garderoit un peu moins notre cage Et nous croirions revoir h liberté : Notre réduit, moins étroit que sur l'onde, N'efface point un souvenir amer. Faut il fouler le sol du Nouveau-Monde, Pour être encore prisonniers outre-mer? Séchons nos pleurs, ce séjour de Cayenne

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Si décrié par nos simples aïeux, . S'il est peuplé de tigres et d'hyenne , L'est bien aussi de colons généreux. La liberté (I), malheureux insulaires , Venant chez vous planter ses étendards, Vous fit verser des larmes bien amères Et nous expose aux plus grands des hasards. Sexe charmant que l'Europe a vu naître, A votre cœur , à vos yeux , à vos traits, Chacun de nous a bien su reconnoitre Le sang des dieux, celui des vrais français; Mais dans les dons de Pomone et de Flore Que vos enfans remettent chaque jour, Nous avons vu plus d'une fois éclore Des traits divins , ce sont ceux de l'amour. Tout nous engage à la reeonnoissance, Le malheur seul borne en nous le désir : Que désirer ?... l'exil, l'expérience Nous ont ravi la coupe du plaisir. Arrachez donc cette amorce fatale, Trop malheureux de ne jamais vous voir \ous nous rendez semblables à Tantale , Qui dans ses mets trouve le désespoir. ( I ) La liberté des noirs. Décret du 16 pluviose an 2.


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