Voyage à Cayenne dans les deux Amériques et chez les anthropophages.Tome premier

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son commencement dans le principe animal, ne porte plus au sensorium ces fortes vibrations qui font les élans du génie , et la machine usée encore par d'autres excès, ressemble à un alambic ouvert et trop large , qui laissant évaporer la liqueur , ne fait plus de jets , mais tombe tristement goute à goute , ce qui fait dire à un voyageur qu'ils sont ennuyés , ennuyans et ennuyeux ; tantôt ils regardent les nègres comme des bêtes de somme et les croient communément d'une autre origine qu'eux ; tantôt ils les idolâtrent comme leurs plus chers enfans ; les belles négresses sur-tout, vengent , et leur nation et elles - mêmes des mépris qu'elles ont essuyés: d'esclaves, devenues plus impérieuses que les Aspasie et les Phrynée , elles rendent leur maître plus petit qu'un ciron , plus rampant qu'une chenille, plus sale qu'un pourceau. Non-contentes de dissiper son bien et de donner sous ses yeux et ses joyaux et leurs faveurs à d'autres amans, elles le font soupirer , courir , passer les nuits, et faire plusieurs lieues pour les trouver; elles n'ont nulle amabilité , nulle grâce ; nul entretien , nulle douceur ; leur lubricité animale fait tout leur charme auprès des maîtres qui,


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