Voyage à Cayenne dans les deux Amériques et chez les anthropophages.Tome premier

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à deux étages sont des palais, et des boutiques de commerce qu'on loue huit et dix mille francs par an , pour servir d'entrepôt ou de magasin de déchargement des denrées coloniales ou européennes. La nouvelle ville , que nous nommerions chez nous queue de bourgade, est plus régulière , plus gaie , quoique bâtie dans le même genre , sur une savane ou prairie desséchée depuis quinze ou vingt ans ; le tout est moins considérable qu'un beau village de France : les cases paroissent vides ou occupées en grande partie par des gens de couleur qui n'ont rien , qui ne font rien , qui ne s'inquiètent de rien, et qui vivent plus à l'aise que nos respectables artisans de France que l'aurore ne trouve jamais dans leurs lits, et qui portent tout le poids du jour. Ici tout le monde vend, troque, achète et revend la môme chose, tout est au poids de l' or , et chacun en trouve, presque sans savoir comment. Ce paradoxe est facile a entendre quand on connoit les colonies ; ceux qui les habitent dépensent avec profusion l'argent qu'ils gagnent sans peine; pour peu qu'ils en aient , ils ne se passent de rien , leur indolence est si grande que pour ne pas se déranger ils paieroient un domestique, pour


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