Voyage à Cayenne dans les deux Amériques et chez les anthropophages.Tome premier

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( 197 ) au lecteur, parce que nous devions y être exilés. L'intérieur offre de grandes prairies . des précipices, des forêls impénétrables , des lacs à perle de vue , des nuées d insectes et de mouches altérées de sang, d'énormes serpens, des tigres , des hyennes , des couleuvres plus grosses que des tonneaux et longues à proportion , des crocodiles ou caymans, dont la gueule peut servir de tombeau à l'homme ; nous y aurions plus de terre que nous n'en pourrions cultiver, mais de ce sol vierge s'élèvent des vapeurs homicides , qui empoisonnent celui qui l'ouvre le premier. On n'y respire qu'un aircondensépar les étangs et par lesgrands arbres, qui, comme des siphons, versent sur le nouvel habitant le méphitisme et la mort. Le gouvernement a déjà essayé d'en tirer parti. En 1784, M. le comte de Villebois, gouverneur de la colonie, sur les avis de monsieur Lescalier, alors ordonnateur, y fit établir des ménageries, dont la garde fut confiée au député Pomme, assez connu en France depuis la révolution. Elles réussissoient bien : on y envoyoit des soldats qui se fixoient dans la colonie. Après avoir obtenu leurs congés, des créoles

même s'y

rendoient volontiers ; le N 3


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