Voyage à Cayenne dans les deux Amériques et chez les anthropophages.Tome premier

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( 185 ) sommes donnés en spectacle à ceux-ci ; la scène est un peu différente. Nous pouvons dormir tranquilles , car nous avons une forte patrouille qui nous veille jour et nuit : le peuple noir ne désempare pas ; l'odeur de ces boucs nous infecte , chacun de nous peu accoutumé au fumet d'un gibier si semblable au corbeau du pays, jure sa parole d'honneur que la virginité ne sçra jamais un fardeau pour lui auprès de pareils objets ; pour nous guérir du mal d'amour , l'une couvre la laine noire de sa tête d un vieux mouchoir tout déchiré ; celle" ci laisse pendre jusqu au bas de sa ceinture deux flasques vessies toutes plissées et rembrunies de quelques gouttes de sirop de tabac, loin de relever ses pendeloques elle les écrase tant qu'elle peut , pour les faire descendre jusqu'à ses genoux. La coquetterie des négresses , entre deux âges , consiste à porter de longues mamelles ; cet abandon prouve qu'elles ont eu beaucoup d'enfans . qu'elles ont beaucoup de compères et qu'elles ne sont pas encore stériles , c'est un porte-respect pour les marmots qu'on appelle ici petit monde. La loi de Judas, canton d'Afrique d'où elles sortent, accorde des honneurs et des privilèges à tou-


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