Voyage à Cayenne dans les deux Amériques et chez les anthropophages.Tome premier

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membres des coups de fusil chargé à balles; mon sang caillé reprenoit sa circulation. « Belle saison du printems ! dis-je en traversant » un champ de pois fleuris, je goûte tes dou» ceurs.je respire un air pur; depuis huit » mois, voilà le premier beau jour de mon » existence, et demain je ne vivrai peut-être » plus. » J'arrivai à la porte de la Conciergerie à sept heures du soir ; mon cœur tressailloit de joie et d'effroi. Je retrouvai Pascal et Welter ; nous nous embrassâmes en pleurant A onze heures nous reçûmes nos actes d'accusation pour monter le lendemain au tribunal. Le matin (24 mai), pendant que nous déjeûnions entre les deux guichets, on ouvrit l'armoire où étoient les cheveux que le bourrevi avoit coupés la veille à ceux qui avoient été à la mort. Ce lieu est l'antichambre du trépas et de la résurrection. A neuf heures, nous montâmes au tribunal ; nous étions dix-sept pour différentes cause*; nous ne nous connoissions pas , mais c'étoit la mode d'englober plusieurs affaires, afin, disoit-on , d'expédier les royalistes et de libérer les patriotes. J'occupai le fauteuil de fer ; le sort étoit las


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