Voyage à Cayenne dans les deux Amériques et chez les anthropophages.Tome premier

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25 avril (6 floréal.) A trois heures du matin , le vent souffle du nord-est ; on lève l'ancre , le silence de la nuit est interrompu par les cris et les chants barbares des matelots, qui saluent le père du jour par des juremens ou des discours orduriers , répétés avec d'autant plus d'éclat qu'ils veulent les faire entendre aux malheureux , qui du fond de leur cachot, lèvent les mains et les yeux au ciel. Le vent tombe; nous mouillons à deux portées de fusil de l'ancienne et trop fameuse ville de Royan, rebelle et ruinée par le cardinal de Richelieu. Oh ! que ne nous est-il permis de parcourir ses ruines !... nous ne sommes pas à cent vingt toises du sol français. Un ordre désespérant nous enchaîne au rivage. 26 Avril 1798 (7 floréal an 6 ). Nous mettons à la voile : cette fois nous voilà en roule pour Cayenne; à midi , nous avons dépassé le phare Cordouan ; nous reeonnoissons notre redoutable passage des Olives ; chacun, placé sur le pont et dans les batteries, les yeux fixés sur ces côtes, fait les réflexions les plus sinistres: la frégate vogue à pleines voiles, nous filons sept nœuds et demi à l'heure, (un nœud est le tiers d'une lieue.) 27 Avril Nous avons fait trente lieues, le


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