Voyage à Cayenne dans les deux Amériques et chez les anthropophages.Tome premier

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(85 ) quarante jours que nous sommes en mer, nous n'avons pas eu un moment de repos ; après un combat opiniâtre, où nous sommes spoliés de tout, quand nous demandons à descendre

à

terre, pour reprendre quelques effets,

on nous leurre, afin que nous ne sachions où donner nos adresses, et que nous consommions le peu qui nous reste, sans pouvoir le remplacer. On nous fait enfin rembarquer tout nus. A huit heures , la première embarcation part. Nos vieillards ( 1 ) commencent à croire qu'ils iront dans le Nouveau-Monde. Le dénuement où ils se trouvent, le changement d'équipage, les infirmités qui les accablent, leur rendent ce moment plus cruel ; des larmes mouillent leurs cheveux blancs, ils invoquent la mort. Quoique nos malades n'aient plus qu'un souffle de vie, on les hisse à bord, ( 1 ) La surveille de notre départ, notre major reçut avis de constater l'âge et les infirmités de

chacun j

je

lui présentai M. Doru qui avoit alors soixante-sept ans. Hélas , nous dit-il , cette injonction est pour la forme, j'ai des ordres précis de ne reconnoitre ni infirmes ni sexagénaires, mon billet ne vous exempteroit pas, et je serois destitué en vous le donnant.

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