Voyage à Cayenne dans les deux Amériques et chez les anthropophages.Tome premier

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( 77 ) que notre dortoir: des planches brisées , des caisses

vides, des épontilles, des hamacs dé-

chirés, des bréviaires , des souliers, des chemises , des peignes, des bouteilles cassées, sont confondus dans ce local de quatre pieds et demi de haut. On se heurte; on se blesse; on se renverse les uns sur les autres ; on parvient

à nous faire passer une lanterne qui nous donne une lumière sépulcrale : 1 un est couché enfin

sur les jambes de l'autre ; celui-ci replié en double , sert de marche-pied ou de siège

à

trois ou quatre autres. Le plancher dégoutte de sueur, comme si les soupiraux du pont et. de la batterie étoient ouverts pour arroser le fond de cale. La nuit est close: notre frégate vogue à l'aventure. Quand on peut voir le danger, la recherche des moyens de s'y soustraire distrait la reflexion et émousse les aiguillons de la crainte.

Nous sommes sur des écueils; les

nouvelles changent

à chaque minute ; tantôt

nous allons échouer , un moment après nous allons entrer dans la rivière de Bordeaux ; le vent mollit, et nous sommes en

panne ; nous

allons toucher ; il faut encore décharger le bâtiment. On déblaie

l'entrepont; tout le bois de


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