Voyage à Cayenne dans les deux Amériques et chez les anthropophages.Tome premier

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(73) Toutes les tables sont composées de sept personnes , chacune a sa cuisinière : c'est une brochette de bols qui traverse les morceaux de viande des sept convives; la ration est emmaillottée avec du fil, afin que rien ne se perde dans l'immensité de la chaudière ; un petit baquet sert de plat à la société qui mange à la gamelle. Chaque convive est marmiton à son tour et lave L'auge dans l'eau de mer. L'appel it faisan! les trais du repas , on s'appereoit sans dégoùt que la soupe grasse du soir sent la merluge du matin. Nous mangeons debout comme les Israélites dans le désert ; en dix minutes le repas est fini. Le marmiton de jour reporte l'auge et le bidon à la cambuse ou magasin de comestibles, et chacun se disperse dans les chaloupes et sur les gaillards pour charmer son homicide loisir par l'aspect des ondes où se balancent les goëlans ou gobeurs en volans, que les poètes nomment alcions chéris de Thétis, parce qu'ils sont précurseurs du calme. Plus loin, des marsouins ou cochons de mer, révolutionnent quelques petits poissons Un cri nous perce le cœur; un déporté vient de se jeter à ia mer du côté de bas-bord ; vingt matelots s'y plongent à l'instant : à peine a-t il


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