Voyage à Cayenne dans les deux Amériques et chez les anthropophages.Tome premier

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( 69 ) mon Dieu, que je respire un peu. . . . Une sueur brûlante mêlée de sang découle de tous ses membres. Il est tout babillé , car le local est trop étroit , pour qu'il puisse étendre les bras pour tirer son habit ; voila mon tombeau, dit-il , voilà mon tombeau ! . . Puis soulevant un peu la tête , il aspire une ligne d'air qui prolonge sa malheureuse existence. Un officier de marine de l'ancien régime , qui partage notre destinée , s'écrie que nous sommes aussi entassés que les cargaisons; du Levant qui apportent la peste. Ce fléau nous paroît inévitable , et nous n'espérons voir notre sort amélioré que par la mort de la moitié de nos camarades.. .. L'échafaud est un trône auprès de ce genre de supplice , l'homme, en y marchant , jouit encore à son déclin, du plaisir de respirer l'air; mais ici, il doit succomber dans dès convulsions effrayantes sur le cadavre de celui qui le tue. même après sa mort, par la place qu'il occupe encore. Plus nous sommes gênés , plus nous nous agitons pour trouver une position moins critique. Nos hamacs mal suspendus se lâchent, et plusieurs tombent sur l'estomac de leurs camarades : des soupirs, des cris étouffés redoublent nos malheurs,la mort es! moins E 3


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