Voyage à Cayenne dans les deux Amériques et chez les anthropophages.Tome premier

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( 53 ) en nous jettant dans le jardin comme des forçats. Voici le tableau de notre local et de notre existence : La salle a 42 pieds de long et 60 de large pour 80 personnes, qui n'en sortent que deux heures par jour, comme vous l'avez vu : elle est entourée d'un marais pestilentiel. Dans l'intérieur, ne se trouvent point de lieux d'aisance ; on est forcé d'y vaquer à ses besoins : jour et nuit, un nuage rougeâtre s'élève des sentines; il gêne la respiration, nous occasionne des lassitudes et des sueurs; il rend le sommeil accablant et nuisible. Nous sommes ensevelis à demi-vivans dans l'ombre de la mort. Notre salle , le soir , ressemble à un champ de bataille jonché de morts, et pourtant nous chantons (1) encore au milieu des tourmens. Les sœurs ( 1 ) Voici notre réveil et notre coucher : Air : de l'Enfant trouvé. LE

SOLEIL

SE PLONGEOIT

DANS

L'ONDE.

Maurice jadis eut un temple Dans cet asyle des soupirs : ET

ces voûtes que je contemple

Enserrent de nouveaux martyrs ; J'apperçois ici cent victimes Sous le même fer des traitans, Mes amis , quels sont donc vos crimes? Cest d'être tous honnêtes gens.

D 3


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